La situation est problématique : d’abord, la Tunisie, exportatrice traditionnelle de main-d’œuvre, n’est préparée ni juridiquement, ni économiquement à accueillir des travailleurs étrangers. La présence d’une main-d’œuvre subsaharienne en Tunisie (immigration Sud-Sud) est différente du modèle prévalent « centre-périphérie » développé par les économistes, où l’on voit d’un côté des pays industriels et d’un autre des pays sous-développés, ainsi que de la théorie duale du marché du travail (pays pauvres répulsifs et pays riches attractifs).

Deux dispositifs juridiques drastiques bloquent l’accès des étrangers au marché du travail : d’abord, la loi n° 1968-0007 du 8 mars 1968 et un second obstacle juridique, la loi n° 66-27 du 30 avril 1966, portant promulgation du Code du travail, complétée par la loi n° 96-62 du 15 juillet 1996.

Ensuite, le pays vit, depuis la révolution de 2011, une récession économique marquée par la montée du chômage (15,6 % de la population active et 33 % des diplômés sont chômeurs en 2016, selon l’Institut National de la Statistique), une escalade quant à la contestation sociale, un affaiblissement des investissements, situation bien différente de celle de l’Europe, à l’origine de l’intensification du phénomène migratoire, comme le signale Bensaâd (2009 : 6) : « L’immigration n’obéit pas aux mêmes processus à l’origine de son émergence dans certains pays de la rive nord-méditerranéenne ».

Le séjour des Subsahariens en Tunisie est très récent. Ils sont arrivés dans leur grande majorité depuis la révolution (14 janvier 2011), c’est-à-dire durant les six dernières années, période difficile où l’on voit surgir des problèmes sociaux, économiques et politiques (crise politique, montée du chômage, agitation sociale, etc.).

« Les travailleurs migrants subsahariens en Tunisie face aux restrictions législatives sur l’emploi des étrangers » , Mustapha Nasraoui

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