Depuis le début de la crise du covid-19, la communauté tchadienne en Tunisie fait partie de celle qui a pu organiser une opération pour le rapatriement volontaire de ses communautaires. Plusieurs étudiants tchadiens ont quitté la Tunisie dans la journée du mardi 21 avril par un vol spécial. ALI MAINA ALHADJ, Président de l’association des étudiants et stagiaires Tchadiens en Tunisie (AESTT) revient dans cet entretien sur l’impact de la crise sur ses communautaires.
- Quelles sont les conséquences de cette période de confinement et du Covid-19 sur votre communauté en Tunisie ?
La crise sanitaire du COVID-19 a conduit à un confinement total de presque tous les États du monde en particulier la Tunisie. Ce confinement a eu des impacts sur la vie quotidienne de tout le monde et bien évidement celle de notre communauté. Premièrement, il a bouleversé le cycle des activités qui conduit soit un arrêt total de toutes les activités de rassemblement. Et deuxièmement, le confinement a engendré une nouvelle forme d’enseignement à travers des plates-formes et surtout celle du travail à distance.
- Comment votre communauté vit-elle cette période ?
Certes qu’il n’est pas facile de faire face car tous les Etats du monde ne se sont pas préparés pour cette crise, mais notre communauté vit cette situation avec sérénité et sans froid tout en respectant les mesures de barrières. Je profite de cette occasion au nom du Bureau Exécutif de l’AESTT pour féliciter mes compatriotes pour non seulement avoir respecter les mesures prises par le Gouvernement tunisien pour limiter la propagation de cette pandémie au sein de la communauté tunisienne en général et en particulier au sein de notre communauté ; mais je les félicite et les remercie pour la solidarité qu’ils ont fait preuve afin de gérer cette crise.
- Quelles sont les actions que vous avez menées pour aider financièrement, matériellement ou psychologiquement votre communauté ?
Vous savez avant que l’État Tunisien ne décrète le confinement total, nous avons mis en place plusieurs stratégies en place afin de faire face à cette pandémie car il y a un adage qui dit prévenir vaut mieux que guérir. Ainsi nous avons avant toute chose recensé l’ensemble de l’effectif des étudiants et stagiaires sur le territoire tunisien y compris celui des personnes particulières. Par la suite, nous sommes entrés en contact avec notre ambassade se trouvant en Algérie pour lui faire part de la situation et Dieu merci l’ambassade a répondu favorablement à notre requête. Par la suite, nous nous sommes organisés afin de soutenir tous nos étudiants et stagiaires à Tunis et actuellement nous organisions d’ici la fin de la semaine à soutenir également tous nos frères et sœurs qui se trouvent dans les autres villes de la Tunisie. Notre politique est celle de : au moins un carton de kits par appartement. Toutes ces stratégies mises en place nous permettent aujourd’hui de consolider cette union et solidarité qui vivent au sein de notre communauté depuis la nuit des temps. Enfin, avec l’appui de notre ambassade nous avons pu avoir l’accord du Gouvernement tchadien afin de rapatrier si je peux le dire les Tchadiens bloqués en Tunisie venus pour missions, visites, vacances ou soins médicaux grâce à l’avion Chargé de faire rapatrier les ressortissants tunisiens se trouvant au Tchad et au Cameroun. Nous ne pourrons pas parler de vol de rapatriement pour les Tchadiens car chaque passager à bord avait acheté de ses propres frais son billet d’avion.
Malgré cette crise sanitaire, nous continuons à organiser certaines activités via la page Facebook de notre association notamment une formation déjà organisée et une autre ce samedi 9 mai 2020.
- Avez-vous reçu des aides d’hommes d’affaires, ambassades ou institutions durant cette crise du Covid-19 ?
Grâce aux stratégies mises en place, nous avons eu une aide venant de la part de notre ambassade se trouvant en Tunisie.
Également à travers notre association mère qui est l’AESAT qui nous représente, nous recevons quelques aides.
- Pensez-vous à un rapatriement volontaire de vos communautaires ? Est-ce possible ?
Nous pensons que cela n’est pas nécessaire pour le moment ! Et si aujourd’hui ce virus a pris plus d’ampleur c’est à cause des multiples déplacements et surtout le non-respect des mesures prises par les différents Etats du monde. Ajouté à cela le virus ne se déplace pas mais c’est nous qui le déplaçons. Pour finir, il y a un adage de chez nous qui dit il ne sert à rien de se déplacer d’un territoire envahi par une pandémie vers un autre territoire qui l’est également car c’est en se déplaçant que nous sommes beaucoup plus exposés aux risques de contamination.
- Elan de solidarité des tunisiens envers la communauté subsaharienne, quel est votre point de vus sur le sujet ?
Vous savez même si le confinement limite les contacts entre les êtres humains, il n’empêchera pas la solidarité et l’entraide mais il permet à les favoriser et surtout les renforcer. Et le peuple tunisien de par ses multiples actions envers la communauté subsaharienne a montré aux yeux de tout le monde qu’il n’est pas celui dont nous avons l’image mais plutôt un peuple qui est là et restera toujours présent auprès de la communauté subsaharienne. De par leur acte humaniste, le peuple tunisien nous témoigne leur amour et surtout nous fait savoir que c’est ensemble que nous pourrons vraiment vaincre cet ennemi invisible car c’est par l’union que nous vaincrons. Enfin nous disons un grand merci au peuple tunisien pour cet élan de solidarité et que Dieu bénisse la Tunisie.
- Quels sont vos attentes du gouvernement tunisien ?
En cette période de crises plusieurs mesures ont été prises et d’autres en cours grâce aux multiples rencontres et réunions tenues entre l’AESAT et le gouvernement tunisien, également avec la société civile tunisienne. Toutefois, nous demandons au gouvernement tunisien s’il y aura une possibilité d’annulation des factures d’eau, d’électricité et de gaz au lieu de l’ajustement de celles-ci afin de les payer après la crise. Nous disons également au gouvernement tunisien qu’il n’est pas seul dans cette guerre contre cet ennemi invisible car nous sommes de tout cœur avec la Tunisie et Insha’Allah nous sortirons vainqueurs et plus unis et surtout solidaires.
- Quels conseils pourriez-vous adresser à l’ensemble de vos communautaires sur le territoire tunisien ?
Il est bien vrai que ce n’est pas facile de rester à la maison pendant près de 2 mois mais s’il y a un seul conseil que nous pouvons donner à l’ensemble de nos communautaires est celui de continuer à être patients et surtout de continuer à respecter les mesures prises par le gouvernement tunisien car cette situation est passagère et finira par passer.
- Comment envisagez-vous l’après confinement et la reprise des activités pour votre communauté ?
Pour le moment nous prions que cette période de crise se termine et à même temps nous travaillons sur un nouveau planning pour nos activités. La chose plus importante est celle de suivre les mesures que prendront le gouvernement tunisien lorsqu’il permettra la reprise des activités culturelles. Nous avons vraiment hâte à ce que nous reprenions avec nos activités que c’est soit classiques ou nouvelles car nous avons beaucoup à donner et à montrer mais surtout de réunir ensemble dans un même endroit autour d’un idéal commun que notre association dénommée AESTT.
Pour finir nous tenons à remercier du fond du cœur toutes ces personnes qui se sacrifient corps et âmes nuits et jours afin de sauver des vies.