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Travailler en Tunisie : Des femmes migrantes partagent avec nous leur expériences

Commencer l’année 2022 avec l’espoir de trouver un emploi ou de créer sa propre entreprise, nous avons parlé avec trois femmes migrantes sur leur différentes expériences professionnelles et sociales en Tunisie. Lors des interviews, nous avons eu la chance de découvrir des personnes inspirantes avec des valeurs révélatrices de leur expérience professionnelle dans ce pays.

La Tunisie accueillent toujours des migrants de différentes nationalités et depuis des années ; des étudiants, des employés et des entrepreneurs entre la qualification et le besoin de travailler, des femmes migrantes de différentes nationalités ont réussi à occuper des places et à créer des activités génératrices de revenus sur le territoire tunisien. Que de persévérance, de patience et de motivation dans leurs parcours, C’est donc avec intérêt que nous découvrons leurs expériences ainsi que l’importance du travail des migrantes en Tunisie et son impact positif dans leur vie.

ELA

Le parcours de la femme migrante combattante

Ela, une femme ivoirienne, mère célibataire de deux enfants, arrivée en Tunisie depuis 2019, “je suis venue ici pour le travail” a confirmé Ela. Son diplôme en Gestion d’hôtellerie et restauration, l’a permis de décrocher son premier emploi à Tunis dans un restaurant africain.

En tant que Chef de cuisine, elle préparait différents plats typique de son pays d’origine, ce qui lui permettait de partager avec eux une partie de sa culture ivoirienne à travers la cuisine, mais malheureusement ça n’as pas duré longtemps, la crise de covid-19 a impacté son travail, le restaurant à du fermer. Ça n’a pas empêché Ela de continuer son chemin, en cherchant un autre travail pour être indépendante et subvenir à ses besoins, elle a tout essayé sans perdre d’espoir.

De la restauration à l’élevage des escargots

Ela travaille aujourd’hui dans la ferme de l’élevage des escargots “Escargots de Carthage”, pour une nouvelle expérience différente de la précédente, elle assure aujourd’hui l’entretien de ces espèces, le nettoyage et s’occupe aussi de la phase des tris pour éviter leur contamination. Après avoir assisté une formation suivie par un encadrement par les actionnaires de cette entreprise.

Vous pouvez entendre sa passion dans sa voix, “Ma vie maintenant est liée à la ferme et à l’élevage des escargots”, a dit Ela, “c’est aussi lié à la nature et la nourriture”, a suivi Ela. Elle confirme que les tunisiens sont gentils et accueillants. Comme la Tunisie était toujours sa destination principale, elle est très contente de cette expérience.

Aujourd’hui, elle peut être fière et s’adresse à toute femme migrante en Tunisie, pour les motiver et les inciter au travail, “seul le travail paye, et toute femme forte doit marcher la tête haute par ce qu’elle ne dépend pas de quelqu’un, elle ne dépend que d’elle même et ce que la femme migrante fait pour son travail, lui donne toujours un sentiment de fierté.”, affirme-elle. Ela voue sa vie aux escargots et au travail à la ferme mais sa préoccupation majeure restera toujours de garantir un meilleur avenir pour ses enfants. Nous lui souhaitons de bonnes vacances à Abidjan et à très bientôt chez la ferme des escargot

Plus d’informations, Visitez la page Facebook officielle de la ferme des Escargots de Carthage: (1) S.E.C | Facebook

Julienne Tchouta

Dignity of immigrant women

Basée à Sousse, l’association des femmes migrantes “Dignity of immigrant women” a été créée par Julienne, une migrante camerounaise très ambitieuse, âgée de 32 ans et mère de deux enfants.

Julia collabore en particulier avec l’union nationale des femmes tunisiennes (UNFT), la terre d’asile et la municipalité de Sousse, qui lui facilite l’organisation des événements et des activités destinées à garantir les droits de la femme migrante et encourager l’entrepreneuriat féminin dans le milieu d’accueil. Julienne a obtenu sa licence en langue française et son certificat d’enseignement au Cameroun, installée en Tunisie, elle a décidé de partager sa culture et de travailler dans le domaine social “La Tunisie était un train pour l’immigration, maintenant tout a changé, je trouve qu’il y a un environnement favorable ici pour travailler et créer un changement dans le monde des affaires.”

Julienne est en train d’aider plusieurs femmes migrantes en facilitant leur intégration sociale et économique en Tunisie, son association offre des formations dans plusieurs domaines comme l’artisanat et la fabrication des produits cosmétiques. Aussi, elle soutient des femmes victimes de violence, et a pu contacter des avocats pour défendre les cas les plus vulnérables . De même, elle facilite l’accès aux services de la santé très importante et urgente surtout pour les migrantes enceintes, et elle remercie infiniment la collaboration de l’office nationale de la famille et la population (ONFP) avec l’association Dignity of immigrant women.

Projet futur..

La mode reste un de ses intérêts, et un de ses projets futurs est de lancer sa propre marque de vêtements pour femmes. Julienne postule dans des appels à projets de textile, et elle se prépare aussi pour une formation en couture. “ Les formations sont très importantes pour s’améliorer dans son travail, et beaucoup de migrantes débutantes et sans diplômes doutent de leur capacité à trouver un emploi ou à créer leur projet sans être formées. »

De ce fait, Julienne garde toujours sa motivation d’entreprendre et son désir d’indépendance pour avancer, et ce sont les activités de son association et le travail social qu’elle fait pour promouvoir l’autonomisation des migrantes qui prouvent sa réussite d’intégration dans le tissu socio-économique et professionnel de la Tunisie.

“ Quoique la participation dans le monde actif soit difficile pour la femme tunisienne, elle l’est encore plus pour les femmes migrantes, mais nous gardons espoir !” a dit Julienne. Elle a fini l’interview par cette vision positive de sa vie : “ en comparant ce pays avec d’autres pays du Maghreb, je peux dire trois choses: Gens accueillants, pays exceptionnel, coût de vie abordable. Il suffit de trouver un emploi, et on peut même épargner…”

Pour une collaboration ou besoin de renseignements, Nous vous invitons à contacter Julienne Tchouta sur sa page officielle de l’association Dignity of immigrant women : (1) Dignity of immigrant women | Facebook

Ouattara Assiata (Aisha)

Ouattara Assiata, âgée de 29 ans, est une migrante ivoirienne,qui a quitté Abidjan depuis 2015 pour étudier en Tunisie. Elle a fait des études universitaires en ingénierie financière à l’école supérieure privée des technologies d`informatique et de management (ESTIM) et actuellement elle est résidente à Tunis avec sa sœur Mayi âgée de 25 ans. Aisha (comme ses amis l’appellent) et sa sœur ont réussi à créer leur propre projet en commerce et vente en ligne. Cette migrante ivoirienne est aujourd’hui la cofondatrice du magasin “O ‘dacieuz”, spécialisée dans la vente des articles féminins, “ je gère une partie, je m’occupe de vêtements et chaussures femmes, quant à ma soeur, elle se charge des extensions et des produits de beauté”.

Les deux sœurs n’ont pas perdu de temps après les cours à l’université, c’est depuis 2016 (juste après une année de leur embarquement sur le territoire tunisien), qu’elles ont lancé un groupe sur WhatsApp pour la vente en ligne des articles féminins importés de Chine, Dubaï et d’Abidjan. ” C`est Mayi qui voyage a chaque fois pour ramener les articles et les vendre en Tunisie, et c`est a moi de m`occuper de notre business en son absence”, puis elles ont créé leur première page Facebook pour attirer plus l’attention de la clientèle et finalement, une boutique physique à Ariana a été ouverte en février 2021.

O’dacieuz est le nom de cette petite entreprise qui offre des articles de qualité et assure la livraison à domicile à l’aide d’une société de livraison, les deux fondatrices sélectionnent très bien les fournisseurs des articles et des produits cosmétiques qu’elles ramènent de l’étranger, “il ne faut pas vendre n’importe quoi, nos produits sont de bonne qualité et sont testés avant d’être mis en vente ” a confirmé Aisha.

“Avant le covid c’était la belle époque mais on s’accroche maintenant.”

Pour Aisha, la crise pandémique a impacté les ventes de leur magasin mais ce n’est pas tout !

“Trouver un transitaire reste une de nos difficultés de vente aussi » a dit Aisha. Elle a poursuivi “À Dubaï, nous avons trouvé une agence d’exportation tunisienne qui nous facilite en ce moment la réception de nos colis, mais ce n’est pas le cas pour les produits importés de Chine, le problème d’import persiste encore, nous avons besoin d’un transitaire pour l’entrée des colis et pour éviter les barrières douanières. »

De ce fait, les clientes réclament toujours le retard de livraison, “certaines clientes sont compréhensives, d’autres pas et elles exigent même un remboursement après avoir validé une commande. »

L’entrepreneuriat féminin en Tunisie et les facteurs clés du succès…

Faire des études et obtenir un diplôme en Tunisie reste un de ses accomplissements, mais ce qu’Aisha a toujours voulu est de ne pas travailler sous la direction d’un chef. Son profil est celui d’une femme courageuse et entrepreneuse qui préférera toujours le risque de l’investissement et du développement plutôt que le confort d’un salaire régulier chez un employeur .

Ces qualités l’ont beaucoup aidé à gérer sa petite affaire, malgré les difficultés rencontrées en tant que migrante, “Vous ne pouvez jamais imaginer le nombre de fois que moi et ma soeur ont pensé à abandonner, surtout en période de crise sanitaire , les barrières des douanes, le risque de voyager, mais ça devient un challenge pour nous et nous pensons même à mettre en place une bonne stratégie marketing pour réaliser plus de gains”.

Aujourd’hui, beaucoup de femmes en Tunisie veulent entreprendre, et Aisha en est un exemple. C’est l’une des migrantes qui a cru en son idée et a réussi à l’aide de sa sœur à créer leur propre projet. Deux femmes migrantes battantes, ambitieuses et persévérantes ont marqué leur place dans la vente des articles féminins en Tunisie et ses clientes peuvent confirmer la bonne qualité de ses produits vendus.

Aujourd’hui, Aisha conseille les jeunes migrantes de ne pas baisser les bras “Vous pouvez faire de l’argent dans ce pays, mais ça ne dépendra que de vous-même, car avant de lancer votre activité génératrice de revenus il faut aimer ce que vous allez faire, et surtout préparez-vous bien à des nuits blanches, des heures difficiles, du stress de travail et d’organisations, il vous arrivera peut-être de pleurer ou de vouloir abandonner, moi j’ai eu de chance car ma soeur est à mes côtés.”

Rendez-vous sur la page Facebook O`dacieuz pour découvrir les articles vendus par Aisha et sa soeur : (1) O’dacieuz | Facebook

Nous remercions Ela, Julienne et Aisha et leur souhaitons beaucoup de succès en Tunisie. Si vous voulez en savoir plus sur leurs parcours et leurs projets , n’hésitez pas à visiter les pages facebook ci-dessous ;

Ela, employé à la ferme de l’élevage des escargots de Carthage (1) S.E.C | Facebook Julienne Tchouta, presidente de l’association (1) Dignity of immigrant women | Facebook Ouattara Assiata (Aisha) co-fondatrice de la boutique (1) O’dacieuz | Facebook

Article redigé par : Nesrine jammeli

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